Atelier Henri Charles ANGENIOL (1870-1959)

Vendredi 28 Juillet 2023
Né en 1870 à Verlieu près de Chavanay, Henri-Charles Angéniol se forme à l’école des Beaux-Arts de Lyon dès ses 22 ans, suit les cours du peintre Tony Tollet avant d’intégrer pour une courte période l’atelier de Gustave Moreau. A Paris, il expose au Salon des Artistes français à partir de 1901 jusqu’en 1914. Sa présence aux salons de la Société lyonnaise des Beaux-Arts se fera de manière quasi continue, il obtint d’ailleurs le statut de hors-concours. La presse salue alors la qualité de sa peinture, sa touche appliquée et soignée qui sert si bien le charme de ses sujets : « M. Angéniol, lui aussi, a droit à des éloges pour son très beau portrait de Mme F. et pour sa jeune femme lisant. Il n’y a là aucune prétention à frapper vivement le regard du spectateur, et c’est par leurs seuls mérites intrinsèques que ces œuvres se recommandent. » Amaury, Le Salut Public, « Salon de la Société lyonnaise des Beaux-Arts », 8 mars 1914, p.2.

L’œuvre d’Angéniol se lit dans cette simplicité apparente, au service d’une peinture de l’intimité magnifiée par une maîtrise technique, une qualité du dessin et une attention vive portée au coloris. Son œuvre peut alors se situer dans la lignée de ce que Camille Mauclair désigna sous l’acception de « peinture intimiste » dans son étude de 1901 (Camille Mauclair, « Formation de l’école Française. Les peintres d’Intimité », La Revue, 1901, XXXVI, p. 24- 35). Le critère de cette désignation se situait dans l’expression de « la vie intérieure des choses ou des êtres, la vie du silence – par opposition aux décorateurs et impressionnistes tout extérieurs. Cela conduisait à la peinture d’intérieurs, au portrait psychologique, à l’interprétation sentimentale du paysage. »

Le fonds présenté ici nous donne à voir la pérennité de ce mouvement singulier, longtemps méconnu et souvent rejeté par la modernité, et qui fut pourtant grandement apprécié en son temps par la critique, par les galeries et par l’Etat. C’est bien cette intimité qui est le fil conducteur de l’œuvre d’Angéniol qui a trouvé dans la proximité immédiate des lieux et des modèles son inspiration. Il représente son épouse et ses filles, ses modèles féminins privilégiés, dans la simplicité de leurs activités quotidiennes : lecture, couture, leçon de piano... Toujours plongées dans leurs occupations et installées dans l’intérieur cossu de leur maison, Angéniol les représente sans cesse mais trouve dans les jeux de lumière des variations intéressantes pour renouveler et magnifier ces femmes : parfois à contre-jour devant de la fenêtre, parfois dans une pièce baignée d’une douce clarté de printemps, parfois le soir à la lumière de l’âtre ou de la lampe. Ne s’attardant pas sur les traits du visage mais sur l’attitude, la posture, l’inclinaison Angéniol traduit parfaitement les sentiments de ces jeunes femmes. Il déploie une palette aux oppositions de couleurs tranchées de laquelle se dégage pourtant une harmonie générale grâce à laquelle l’atmosphère familiale et intimiste se déploie dans toute sa simplicité. Lorsqu’il se détache du portrait pour se plonger dans le paysage, Angéniol fonctionne d’une manière semblable. Les lieux représentés sont ceux auxquels il est attaché émotionnellement que ce soient les paysages de son enfance à Verlieu ou la lumière du Midi qu’il découvre à Giens. Il les peint avec la même sincérité et son œuvre tout entier porte bien cette recherche de la peinture intimiste : révéler l’âme à travers les choses peintes.

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