Lot 8
Gérard SEGHERS (Anvers 1591 - 1651Saint François consolé par l'ange. Toile. 122 x 98 cm....

Gérard SEGHERS (Anvers 1591 - 1651Saint François consolé par l'ange....
Gérard SEGHERS (Anvers 1591 - 1651Saint François consolé par l'ange....
Gérard SEGHERS (Anvers 1591 - 1651Saint François consolé par l'ange....
Gérard SEGHERS (Anvers 1591 - 1651Saint François consolé par l'ange....
Gérard SEGHERS (Anvers 1591 - 1651Saint François consolé par l'ange....
Gérard SEGHERS (Anvers 1591 - 1651Saint François consolé par l'ange....
Gérard SEGHERS (Anvers 1591 - 1651Saint François consolé par l'ange....

Gérard SEGHERS (Anvers 1591 - 1651Saint François consolé par l'ange. Toile. 122 x 98 cm. Manques. Cadre bois et stuc doré d'époque Empire. Provenance : Collection particulière française depuis au moins le début du XIXème siècle. Gérard Seghers est l'un des plus grands peintres anversois de la première moitié du XVIIème siècle. A 17 ans, il est nommé franc-maître à la guilde d'Anvers et peut dès lors commencer à vendre ses tableaux. Ses oeuvres reflètent l'influence d'une large culture visuelle acquise au cours de ses voyages, et de rencontres avec des peintres italiens ou hollandais. Il connait un succès retentissant de son vivant, lui permettant de vivre largement de son art. En 1631, après avoir séjourné en Italie puis en Espagne, il rentre à Anvers où il reçoit le titre de "peintre entretenu de Sa Majesté". Notre tableau représente un épisode de la vie de Saint François d'Assise (1181-1226). A la fin de sa vie, Frère François est atteint qu'une grave maladie des yeux qui le rend aveugle, et ressent quotidiennement la souffrance des stigmates du Christ. C'est au cours d'un moment de faiblesse intense qu'il se serait vu consolé par ange musicien. Jouant d'un instrument à cordes (viole, cithare, violon selon les différentes sources peintes et écrites), celui-ci aurait apaisé les douleurs de Saint François de ses quelques notes mélodieuses. Saint François aurait alors connut un avant-goût de félicité céleste, que d'aucuns qualifièrent d'extase. Cet épisode est traditionnellement représenté après le Concile de Trente (1570). Toutefois, Saint Bonaventure, dans sa Vie de Saint François, semble être le seul auteur à en rapporter les faits. Notre tableau renvoie à plusieurs oeuvres connues, ou méconnues de Seghers. Ainsi, nous pouvons rapprocher notre ange musicien, de l'ange soutenant le bras de Saint François dans le tableau de Gérard Seghers conservé au Musée du Louvre (toile, 236 x 161 cm, INV1976). On date généralement l'oeuvre du Louvre entre 1622 et 1624, après le retour de Seghers à Anvers.D'autre part, la posture de notre Saint François correspond à celle d'une gravure réalisée d'après un tableau perdu de Seghers (Dorothea Bieneck, Gerard Seghers, Lingen, 1992, cat. A33 p. 161), dans laquelle l'ange est absent. On sait, par ailleurs, qu'il existe trois tableaux perdus de l'artiste, sur le thème de Saint François en extase, encore situés dans des églises d'Anvers en 1777 (églises des Capucins, du couvent des Clarisses, et de l'Annonciation). Nous ne connaissons cependant aucun élément descriptif permettant de les identifier. Enfin, la présence d'une copie ancienne de notre tableau, dans la nef de l'église de Santiago, à Antequera (Andalousie, Espagne), nous invite à penser que notre tableau était connu en Espagne du vivant de l'artiste. Il existe plusieurs sources écrites attestant d'un séjour de Gérard Seghers en Espagne. Toutefois, on doit attendre la récente exposition sur l'artiste, au musée de Valenciennes en 2011 (Gérard Seghers, un peintre flamand entre Maniérisme et Caravagisme, Valenciennes, Musée des Beaux-Arts, 6 mai au 21 août 2011), pour que le point soit fait sur cette période de sa vie. Il semblerait que Seghers séjourne en Espagne entre 1617 et 1620, à la suite d'un voyage en Italie, où il arrive en 1611. A Rome, il aurait fait la connaissance du Cardinal espagnol Zapata y Cisneros (1550-1635), représentant de l'ambassadeur d'Espagne. C'est à sa suite qu'il aurait pris la route de Madrid, en 1617. L'artiste flamand aurait alors réalisé plusieurs pièces d'importance, qui lui valurent l'obtention du titre de "Gentilhomme de la maison du Roi", privilège qui en dit long sur son talent. La lumière éclairant le buste de l'ange créé un contraste avec l'arrière plan et le vêtement sombre du Saint, témoignant de l'influence déterminante du Caravage sur l'oeuvre de Seghers. En effet, celui-ci avait certainement vu des oeuvres du maître au cours de son séjour à Rome, entre 1611 et 1617. La finesse des traits des personnages, le traitement des cheveux, de la barbe naissante de Saint François, et du tissu déchiré sur son épaule sont remarquables. Le dessin du violon est particulièrement réussi et réaliste, ce qui n'est pas le cas de la copie située dans l'église Santiago d'Antequera. Notre tableau serait-il un très bel et rare exemple de l'art de Gérard Seghers lors de son séjour hispanique (1617-1620), comme le laisse à penser la copie espagnole ; ou bien une oeuvre réalisée au sommet de sa maturité (1620-1630), comme le montrent les similitudes avec l'oeuvre du Louvre, et l'évocation des oeuvres perdues, autrefois conservées à Anvers ? SP

Estimation : 60 000 € à 100 000 €
Adjugé : 162 000 €

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SVV Bérard-Péron

Commissaires-priseurs
Antoine Bérard
François Péron
Rémy Rousselot
Grégoire Battin